Les intestins du nouveau-né sont stériles. Pendant les vingt premiers jours environ de sa vie, la surface encore vierge des intestins du bébé se peuple de différents microbes. Il s’agit de la flore intestinale de l’enfant, qui jouera un rôle primordial dans sa santé pendant le reste de sa vie.
D’où lui vient cette flore intestinale ? Principalement de sa mère…
En d’autres termes, le nouveau-né hérite de la flore microbienne de sa mère, quel qu’en soit l’état.
On pense assez peu à la flore intestinale. Pourtant, le nombre de fonctions qu’elle remplit est tel que nous ne survivrions probablement pas à une stérilisation de notre système intestinal.
La première fonction, très importante, est celle de la digestion et de l’absorption des aliments.
Un enfant qui ne dispose pas d’une flore intestinale équilibrée ne sera pas en mesure de digérer et d’absorber correctement les aliments, et accumulera à terme de nombreuses carences nutritionnelles.
C’est ce que l’on observe souvent chez les enfants et les adultes souffrant de difficultés d’apprentissage, de problèmes psychiatriques et d’allergies. Nombre de ces patients sont mal nourris. Et même lorsque l’enfant présente une courbe de croissance normale, les bilans de laboratoire révèlent des carences nutritionnelles typiques en nombreux minéraux, vitamines, acides gras essentiels, acides aminés et autres nutriments très importants.
Les carences les plus courantes, chez ces enfants, sont les carences en magnésium, en zinc, en sélénium, en cuivre, en calcium, en manganèse, en soufre, en phosphore, fer, potassium, vanadium et en bore, ainsi qu’en vitamines B1, B2, B3, B6, B12, C, A, D, en acide folique, en acide pantothénique, en acides gras oméga 3, 6 et 9, en taurine, en acide alpha-cétoglutarique, glutathion et nombre d’acides aminés.
Cette liste classique de carences englobe certains des nutriments les plus indispensables pour le développement et le fonctionnement du cerveau de l’enfant ainsi que pour son système immunitaire et l’ensemble de son organisme.
Outre la digestion et l’absorption normale des aliments, une flore intestinale saine assure la synthèse active de différents nutriments : vitamine K, acide pantothénique, acide folique, thiamine (vitamine B1), riboflavine (vitamine B2), niacine (vitamine B3), pyridoxine (vitamine B6), cyanocobalamine (vitamine B12), ainsi que différents acides aminés et protéines. Les bilans confirment systématiquement ces carences chez les personnes souffrant de dysbiose intestinale. L’expérience clinique montre que la restauration d’une flore intestinale saine constitue la meilleure modalité de traitement de ces carences.
La majorité des enfants et des adultes souffrant de problèmes neurologiques et psychiatriques ont le teint pâle et terreux, et les bilans révèlent des anémies plus ou moins prononcées qui n’ont rien de surprenant. Pour que notre sang soit de qualité, nous avons besoin de nombreux nutriments : des vitamines (B1, B2, B3, B6, B12, K, A, D, etc.), des minéraux (Fe, Ca, Mg, Zn, Co, Se, bore, etc.), des acides aminés et des acides gras essentiels. Non seulement ces patients ne parviennent pas à exploiter ces nutriments présents dans l’alimentation, mais la production de nombreux nutriments par leur propre organisme est également perturbée.
En outre, les personnes dont la flore intestinale est déséquilibrée sont souvent colonisées par des bactéries pathogènes particulières, grandes consommatrices de fer (actinomyces spp., mycobacterium spp, colonies pathogènes d’Escherichia coli, de corynebacterium spp. et bien d’autres encore). Ces bactéries consomment le fer issu de l’alimentation, laissant leur hôte carencé ; une supplémentation en fer ne fait malheureusement que renforcer la flore pathogène sans remédier à l’anémie. Pour surmonter son anémie, le patient a besoin de tous les nutriments mentionnés plus haut, dont nombre sont fournis par une flore intestinale en bonne santé.
Outre leur rôle actif dans la nutrition de l’organisme, les bactéries bénéfiques des intestins servent de gardiennes du système digestif. Elles tapissent toute la surface des intestins qu’elles protègent des attaques et des toxines, en offrant une barrière naturelle. Elles produisent par ailleurs nombre de substances antibactériennes, antivirales et antifongiques. Elles nourrissent également le revêtement de la paroi intestinale.
On estime qu’environ 60 à 70 % de l’énergie fournie à ce revêtement de la paroi intestinale dérive de l’activité des bactéries qui y sont implantées. Aussi n’est-il pas surprenant qu’une flore intestinale déséquilibrée puisse compromettre la santé du système digestif.
La plupart des enfants et des adultes présentant des difficultés d’apprentissage, des troubles psychiatriques et des allergies souffre également de problèmes digestifs, souvent si sévères que ce sont eux que les patients (ou leurs parents) évoquent en premier.
Dans d’autres cas les problèmes sont plus légers, mais lorsque l’on pose aux parents des questions ciblées, ils constatent que leur enfant :
- n’a jamais présenté de selles normales,
- que bébé il souffrait de coliques,
- et que douleurs abdominales, ballonnements et flatulences font généralement partie du tableau.
Les patients adultes décrivent le même type de symptômes. Pour ceux d’entre eux qui auront déjà été examinés par un gastro-entérologue, une inflammation intestinale associée à un fécalome avec débordement aura pu être diagnostiqué.
Le Dr Andrew Wakefield et son équipe du Royal Free Hospital de Londres ont identifié à la fin des années 90 chez des enfants autistes une inflammation des intestins qu’ils ont qualifiée d’entérocolite autistique. Les graves problèmes digestifs des patients schizophrènes sont connus de tout temps.
Le Dr Curtis Dohan, qui a consacré de nombreuses années à l’étude de ces anomalies dans le contexte de la schizophrénie, a trouvé nombre de similitudes entre la maladie céliaque et l’état du système digestif des patients schizophrènes.